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L'affaire de l'applicationStar Taxi : l'évolution de la réglementation européenne sur les services de voiturage

L'affaire de l'application Star Taxi : l'évolution de la réglementation européenne sur les services de transport public à la demande

Leo Besutti
par 
Leo Besutti
4 minutes de lecture
Tendances
Février 10, 2025

Le rôle croissant des plateformes numériques dans la facilitation des services de transport a soulevé des questions juridiques concernant leur classification et l'étendue de la surveillance réglementaire à laquelle elles devraient être soumises. La question centrale est de savoir si ces plateformes doivent être traitées comme de simples intermédiaires au titre de la directive 2015/1535 ou si leur rôle s'étend à la fourniture de services de transport, ce qui les soumet à des réglementations nationales plus strictes. La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) s'est penchée sur cette question dans plusieurs affaires, dont l'affaire Star Taxi App qui apporte des éclaircissements supplémentaires sur les distinctions juridiques applicables aux plateformes de covoiturage et d'agrégation de taxis.

Comprendre le paysage réglementaire

En vertu du droit européen, la classification des services numériques joue un rôle crucial dans la détermination de leurs obligations réglementaires. La directive 2015/1535 définit un "service de la société de l'information" comme un service qui est :

  1. La rémunération est prévue,
  2. Réalisé à distance,
  3. Délivré par voie électronique,
  4. Initiée à la demande d'un destinataire.

En principe, les services qui répondent à ces critères bénéficient de certaines protections juridiques, limitant la capacité des États membres de l'UE à imposer des mesures restrictives telles que l'octroi de licences ou des contrôles opérationnels, à moins que des procédures spécifiques ne soient suivies, y compris la notification à la Commission européenne.

Toutefois, les services de transport sont explicitement exclus de cette directive et relèvent plutôt des cadres réglementaires nationaux, qui comprennent des exigences en matière d'octroi de licences, de surveillance opérationnelle et de contrôle des prix. La classification des plateformes numériques opérant dans le secteur de la mobilité dépend de leur niveau d'implication dans le processus de fourniture des services de base, qui détermine si elles fonctionnent purement comme des intermédiaires ou comme des fournisseurs de transport.

L'affaire Star Taxi : examen juridique

En novembre 2020, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) s'est prononcée sur les questions suivantes SC Star Taxi App SRL c. Municipalité de Bucarest (Affaire C-62/19). L'affaire portait sur la question de savoir si Star Taxi, une plateforme numérique mettant en relation des passagers avec des chauffeurs de taxi agréés, devait être classée comme un service de la société de l'information ou comme un prestataire de services de transport.

La CJUE a statué que Star Taxi opérait en tant que service de la société de l'information plutôt qu'en tant que fournisseur de transport. Cette décision se fonde sur les facteurs clés suivants :

  1. Star Taxi met exclusivement en relation des passagers avec des chauffeurs de taxi agréés, qui sont déjà réglementés par la législation nationale sur les transports. Leurs fournisseurs existent sur le marché et sont déjà réglementés.
  2. La plateforme n'impose pas de politique tarifaire et ne détermine pas les tarifs ; ceux-ci sont réglementés par les autorités nationales chargées de l'octroi des licences.
  3. Elle ne fournit pas de services supplémentaires liés au transport, tels que la gestion de flottes de véhicules ou l'emploi de chauffeurs.
  4. L'entreprise ne contrôle pas les horaires, les conditions de travail ou le comportement des chauffeurs, si ce n'est qu'elle facilite les connexions numériques.
  5. Le service offert par Star Taxi est différent de celui des plateformes de covoiturage comme Uber, où la plateforme exerce un contrôle important sur les tarifs, les opérations des chauffeurs et les interactions avec les clients.

Star Taxi n'interférant pas avec la fourniture effective de services de transport, mais permettant la communication numérique, la CJUE a jugé qu'il relevait de la classification des services de la société de l'information. En conséquence, les conditions restrictives d'octroi de licences imposées par la municipalité de Bucarest ont été jugées incompatibles avec le droit de l'Union européenne.

Implications pour les plateformes numériques

Le Star Taxi Cet arrêt affine la compréhension juridique des plateformes de transport numérique, en établissant une distinction entre celles qui agissent simplement en tant qu'intermédiaires et celles qui exercent un contrôle substantiel sur les services de transport. Contrairement à Uber, qui a été classé comme fournisseur de services de transport en raison de ses politiques tarifaires, du contrôle des chauffeurs et de la gestion directe des conditions de transport, Star Taxi a été reconnu comme un intermédiaire. Cette distinction est cruciale pour les opérateurs de plateformes qui naviguent dans les cadres réglementaires de différentes juridictions.

Les facteurs clés qui influencent la classification des plates-formes sont les suivants

  1. L'embauche par la plateforme de conducteurs non licenciés qui dépendent exclusivement d'elle pour la fourniture de services.
  2. La plateforme fixe-t-elle des conditions pour la prestation de services, telles que la tarification, les heures de travail ou les obligations contractuelles ?
  3. La plateforme exerce-t-elle un contrôle sur l'accès des conducteurs au service ?

Alors que les solutions de mobilité numérique continuent d'évoluer, les régulateurs et les opérateurs de plateformes doivent examiner attentivement ces distinctions afin de garantir la conformité avec les réglementations européennes et nationales tout en encourageant l'innovation dans le secteur.